Crédit : EID Méditerranée

Des moustiques dans les bassins de rétention ?

Le mois dernier, un collègue du CAUE de l’Ariège, Bruno AUGÉ, nous partageait sa réponse faite au maire de Daumazan-sur-Arize au sujet des moustiques et des bassins de rétention. Avec son accord, nous diffusons sa synthèse, les préconisations pouvant intéresser aussi les élus héraultais.

“Comme suite à votre demande au sujet des moustiques liés aux bassins de rétention, voici quelques éléments résultant de mes recherches et notamment les apports de M. Guillaume LACOUR, Docteur en entomologie et entomologiste médical pour Altopictus, entreprise spécialisée, régulièrement mandatée par l’ARS pour sensibiliser et lutter contre les moustiques.

M. LACOUR répond sur la base d’études et d’audits qu’Altopictus a réalisé pour des communes et des métropoles, précisant qu’il y a peu de littérature scientifique récente sur la productivité en moustiques des bassins de rétention. Il note en particulier qu’il existe différents types de bassins de rétention qui vont potentiellement produire différentes espèces de moustiques et une nuisance très variable” :

  • Aucun bassin de rétention ne produit de moustique tigre Aedes albopictus, dont l’écologie nécessite un support de ponte solide et vertical.
  • Les bassins de rétention qui sont en permanence en eau permettent la présence de prédateurs sur le long terme (odonates, hémiptères, poissons, urodèles…). Ils peuvent très occasionnellement produire des moustiques, souvent du genre Culex (moustique commun, nocturne), sur des zones à submersion temporaire.
  • Les bassins à submersion temporaire produisent des moustiques de marais du genre Culex et Culiseta qui sont plutôt ornithophiles, et des moustiques du genre Aedes (Aedes caspius, Aedes detritus, Aedes vexans, etc.) anthropophiles et donc à l’origine d’une forte nuisance pour le grand voisinage (des espèces peuvent se déplacer sur plusieurs dizaines de kilomètres)”.

Pour M. LACOUR, il est donc intéressant de connaître ces éléments afin de bien cibler la lutte contre le “tigre” produit en général chez les particuliers. En effet, les maisons et jardins regorgent de “niches” pour cette espèce : réserves d’eau, soucoupes sous les vases, regards pluviaux, tous les objets entreposés pouvant recueillir et conserver un peu d’eau (1 cm3 suffit !), terrasses sur plots si l’eau stagne sous les dalles etc.

Selon l’expérience de M. LACOUR, il semble par contre que les gouttières ne soient pas des endroits favorables au “tigre” contrairement à ce qu’on peut lire souvent ! Aucun relevé en ce sens pour Altopictus. En résumé, il faut donc sensibiliser la population pour l’inciter à mettre en place… des gestes barrières !

Quant aux bassins de rétention, ils sont plutôt à privilégier car le réseau pluvial “classique” (avaloirs…) est aussi pourvoyeur de moustiques et particulièrement du moustique tigre. Cependant, il faut veiller à la conception et au “fonctionnement” c’est-à-dire :

  • Privilégier les bassins toujours en eau car la prédation peut se mettre en place : poissons, libellules, amphibiens… On peut imaginer des nichoirs à oiseaux et chauves-souris aussi (Cf. Groupe Chiroptères Languedoc-Roussillon), l’idée étant de créer un écosystème avec la plus grande biodiversité pour une lutte naturelle (Altopictus exclut toute lutte chimique en dehors des cas avérés de maladies tropicales – 5 cas importés de dengue en Ariège en 2020) ;
  • Faire attention aux tracés sinueux, très enherbés et de très faibles profondeurs car la prédation ne se met pas en place ;
  • Si le bassin doit se vider de son eau, pas de prédation possible. Il faut alors qu’il se vide en moins de 6 jours, temps nécessaire à l’éclosion des œufs et le développement larvaire. Il faut bien appréhender ce point lors de la conception. Le substrat humide n’est pas un gîte pour les moustiques… Toutefois, certaines espèces pondent en milieu humide et les œufs éclosent ensuite lorsque la pluie arrive… D’où la nécessité d’évacuer l’eau avant 6 jours.”

Réponse de Bruno AUGÉ, chargé d’études et urbaniste au CAUE de l’Ariège (09), à Jean LECLERC, maire de Daumazan-sur-Arize (avril 2021)

 

PLUS D’INFOS ?

  • Entreprise spécialiste du moustique tigre (Aedes albopictus), Altopictus est l’opérateur de lutte antivectorielle de 32 départements de France métropolitaine. Les équipes de spécialistes et scientifiques d’Altopictus assurent la surveillance et la lutte entomologique afin de limiter les risques de transmission d’agents pathogènes et minimiser les nuisances. Altopictus réalise des diagnostics sur le terrain des gîtes potentiellement producteurs de moustiques (réseau d’eau pluviale, domaine public, domaine privé) au bénéfice des collectivités, pour proposer un plan de lutte ciblé et adapté contre les moustiques.
  • EID Méditerranée Depuis plus de 60 ans, L’Entente interdépartementale pour la démoustication du littoral Méditerranéen a pour mission centrale le contrôle des espèces nuisantes de moustiques proliférant dans les zones humides à submersion temporaire, marginales des étangs et lagunes du littoral ou rétro-littorales. Ce contrôle consiste non pas à éradiquer l’ensemble des insectes piqueurs mais à maintenir la gêne due à certains moustiques à un seuil tolérable, avec un impact environnemental minimal et dans un cadre budgétaire maîtrisé. 
 

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