Crédit photo : Collectif PAP

Visite du “PAP” dans l’Hérault : souvenirs de rencontre…

À l’occasion d’une tournée en France, le collectif Paysages de l’après-pétrole (PAP) faisait escale dans l’Hérault les 9 et 10 février derniers. En partenariat avec le CAUE de l’Hérault, il a proposé la conférence “Paroles d’experts n° 26 : aménager les territoires du bien-être” ainsi que deux visites de sites : l’une au cimetière métropolitain de Montpellier et l’autre aux Petit et Grand Travers (entre Carnon et La Grande-Motte). Vous avez loupé leur passage ? Pas grave ! Le CAUE 34 partage ses photos et la vidéo de la conférence.

Un cimetière paysager

Jeudi 9 février, 15 h 30 – Jean PLANÈS, architecte – paysagiste-concepteur à l’Agence Traverses, nous accueillait au cimetière métropolitain de Montpellier, un projet de 8,5 ha qui s’est fait par extension du cimetière communal  existant. “La demande du programme, quand on a gagné ce concours, c’était de faire un cimetière paysager…/… Nous avons souhaité faire un parc public, un endroit agréable à visiter” confie Jean Planès.

Premièrement, il a fallu donner au cimetière communal une stature métropolitaine pour 31 communes. Le bâtiment d’entrée a été conçu à cet effet, pour faire le lien entre l’ancien et le nouveau cimetière. Ensuite, le site possède une particularité : c’est un terrain pentu, avec un dénivelé de 10 mètres entre le point haut et le point bas, autrefois utilisé comme un espace de concert, et dépourvu d’arbre.

Nous nous sommes vite rendus compte que les qualités paysagères n’étaient pas sur le site mais qu’elles étaient ailleurs : l’espace boisé de la Chaumière, les vues sur le Pic Saint-Loup, la Séranne et l’Hortus…” explique l’architecte – paysagiste. L’agence Traverses a donc eu l’idée de capter les qualités extérieures et de les faire entrer dans le site.

Des ambiances propices au recueillement

Et la contrainte topographique est devenue source d’inspiration ! “Le terrain en pente nous a permis de travailler sur la symbolique… Les relations entre le ciel et la terre, les cadrages de vues.”

Autre caractéristique : une contrainte hydraulique assez forte. Trois noues principales gèrent les eaux de ruissellement. “Nous avons utilisé l’architecture hydraulique des noues pour séquencer et fabriquer des échelles intermédiaires paysagères qui permettent de pénétrer dans des espaces de plus en plus intimes”. À cela s’ajoutent des noues secondaires qui englobent le tour des îlots et des noues tertiaires qui recoupent l’intérieur des îlots. Les eaux se jettent d’abord dans les noues tertiaires, puis secondaires, puis principales… jusqu’au bassin de rétention.

Pour la suite de cette visite, nous vous invitons à une promenade virtuelle et spirituelle à travers quelques photos. 

Cliquez sur les photos pour les agrandir et lire les légendes.

Crédits photos : JG & FFR, CAUE 34

(+) Le projet a été nommé à l’Equerre d’argent 2022 (prix d’architecture décerné par les revues Le Moniteur et AMC) dans la catégorie “espaces publics et paysagers”, aux Trophées béton pro 2022 (sous le patronage du ministère de la Culture), et plus récemment, par le site ArchDaily aux Building of the Year Awards 2023 !

Paroles d’experts n°26 : aménager les territoires du bien-être

Jeudi 9 février 2023, 19 h 00 – En introduction, la diffusion d’une petite vidéo Paysages de l’après-pétrole : qu’est-ce que c’est ?  permettait de faire connaissance avec le collectif. Jean-Pierre THIBAULT, auteur du livre “Aménager les territoires du bien-être” a présenté ensuite son ouvrage avant de céder la parole à Kathleen RETHORET, paysagiste DPLG & experte en stratégie et négociation pour la gestion environnementale au Parc naturel des Alpilles, membre du collectif PAP et chargée d’animer la soirée.

Trois interventions – parmi les 50 expériences présentées dans l’ouvrage – étaient au programme :

  • Politiques de paysage de la Vallée de l’Hérault, Emma BOUTOT, chargée de mission paysage, Communauté de communes Vallée de l’Hérault
  • Document de référence pour l’énergie éolienne, Amélie-Madeleine GUERS, chargée de mission urbanisme, paysage, architecture, Parc Naturel Régional du Haut-Languedoc
  • Aménagement des Petit et Grand Travers, Cédric BOHUN, délégué de rivage, Conservatoire du littoral.

Enfin, Kathleen RETHORET a donné la parole à Louis VILLARET, aujourd’hui président du Réseau des Grands Sites de France, délégué au Grand Site de France pour la Communauté de communes Vallée de l’Hérault, Grand Site de France Gorges de l’Hérault.

Visite du Petit et du Grand Travers, Carnon

Avec Cédric BOHUN, délégué du rivage au Conservatoire du Littoral.

Vendredi 10 février 2023, 10 h 30 – Pour cette seconde visite, le rendez-vous était fixé à l’accès plage n°70, au Petit Travers, entre Carnon et La Grande-Motte. Caractérisé par un cordon littoral sableux séparant l’étang de l’Or de la mer Méditerranée, le site constitue une coupure d’urbanisation entre les deux stations balnéaires.

Cette visite a été l’occasion, pour la dizaine de participants, d’être sensibilisés à l’ensemble des problématiques de gestion d’un tel site, très attractif tout au long de l’année et surfréquenté en période estivale, qui, à l’appui de solutions d’adaptation fondées sur la nature, tentent de répondre aux enjeux d’érosion, à la mobilité du trait de côte et à la submersion marine, face à l’accentuation du changement climatique, tout en préservant le fonctionnement des écosystèmes présents.

Sur ce site, le Conservatoire du Littoral a acquis 90% des espaces concernés en vue de leur restauration, renaturation et du réaménagement de l’accueil du public, en permettant de protéger les paysages qu’ils constituent, leur richesse écologique et patrimoniale, tout en les conservant pour partie accessibles au public. A la suite d’une période de concertation publique, des travaux d’envergure et d’aménagements ont été réalisés, sous maîtrise d’ouvrage de la Communauté d’agglomération du Pays de l’Or.

Les participants ont pu constater la qualité des cheminements piétons, qui offrent une transition appréciable entre les espaces de stationnement et l’espace naturel de la plage, en permettant de démontrer le potentiel des solutions de gestion souple du trait de côte tant d’un point de vue économique qu’écologique et la capacité de résilience des espaces littoraux. En effet, 2km de l’ancienne route départementale RD59 qui longeait le rivage ont disparu, permettant à la dynamique naturelle de reprendre ses droits via la reconstitution de 35 000m2 de surfaces dunaires.

Dans un souci louable de recyclage in situ, une partie des matériaux de l’ancienne route ont été réutilisés pour la réalisation du chemin d’accès au parking afin d’améliorer l’accueil des usagers (accès, stationnement, information, sanitaires, gestion des ordures,…), mais le revêtement proposé s’avère insuffisant pour résister au très grand nombre de véhicules qui l’empruntent à l’année. Cela pose la double question de l’entretien de cette voie d’accès et du coût de son entretien.

En illustration du maintien des coupures d’urbanisation voulue par la Mission Racine, les participants se sont rendus après une déambulation sur la plage, dans le secteur des pinèdes plantées à cette même époque, en alignements réguliers. A l’orée de ce bois, ils ont pu voir les cheminements doux permettant de canaliser la fréquentation, en partie ombragée.

En retrait du littoral, à environ 400 mètres à l’intérieur des terres, au milieu de l’un des bois, Cédric Bohun a fait découvrir aux participants un élément du patrimoine bâti situé au Grand Travers. Cette tour à feux en pierre, élément de fortification du littoral languedocien, caractéristique des tours à signaux, a été construite au XVIIIe s. Son accès est aujourd’hui interdit au public (seuls les abords sont libres), mais un projet est envisagé pour restaurer l’édifice et l’ouvrir aux visiteurs.

Au fil de la balade, les contraintes liées aux multiples usages de ce secteur (fréquentation touristique, sportive, de loisirs…) ont été replacées dans le contexte élargi de la nécessaire préservation de ce site « naturel » vulnérable, qui comporte des zones de pâturages réservées aux taureaux et chevaux de Camargue et se trouve confronté à des problèmes d’érosion et climatiques nécessitant la plus grande vigilance.

L’ensemble des points abordés a permis de prendre conscience de l’extrême complexité de gestion d’un tel site et de la responsabilité de chaque visiteur pour le préserver au mieux.

Cliquez sur les photos pour les agrandir et lire les légendes.

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