Samedi 7 juin matin, le CAUE de l’Hérault a proposé une balade paysagère destinée au grand public, dans le cadre des Rendez-vous aux jardins, événement national consacré cette année au thème “Jardins de pierres, pierres de jardins” 🪨🌿
La visite a réuni une trentaine de participants : une majorité de montpelliérains curieux d’en savoir plus sur leur patrimoine. En guise de réponse à la thématique de cette année, le CAUE propose alors de partir à la découverte des “jardins de Pierre”, en revisitant le conte musical Pierre et le Loup de Sergueï Prokofiev (1936). Le groupe a ainsi eu le plaisir de déambuler au fil des explications des paysagistes, de la narration du conte, le tout en musique.
La cour du CAUE de l’Hérault

En guise d’introduction à la balade, le public découvre l’exposition “Nature en ville et changement climatique“. Les paysagistes du CAUE réunissent ensuite le groupe dans la cour : le premier jardin de la balade. Ce patio urbain et végétalisé est embaumé par les fleurs du jasmin étoilé et celles du faux-poivrier pleureur. Il s’agit d’un ancien centre vaccinal vétérinaire construit dans les années 1930. Aujourd’hui, c’est un refuge pour la biodiversité, qui s’exprime dans la végétation foisonnante des plantes grimpantes, des bananiers, des plantes vivaces… Depuis cette année, le CAUE est également devenu refuge LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) et bénéficie de l’installation de nichoirs.
Tout a coup, un chant mélodieux se fait entendre et le conte commence : c’est l’Oiseau 🐦⬛ le meilleur ami de Pierre (Valérie, à la flûte traversière perchée à l’étage). S’il est habituellement joyeux, l’Oiseau alerte rapidement le public : Pierre a disparu ! Le groupe accepte de venir en aide à l’Oiseau et part à la recherche de son ami au jardin du Peyrou.
La façade du CAUE
En sortant du CAUE, le groupe s’arrête devant la façade du bâtiment. Des plantes vivaces et grimpantes ont été installées au pied de l’immeuble depuis l’automne 2023. Les paysagistes détaillent cette méthode simple et vertueuse de végétaliser nos villes et d’y introduire davantage de nature. C’est aussi l’occasion d’observer le soubassement de l’édifice en pierres hexagonales, qui met en valeur la grande diversité des feuillages (près de trente espèces différentes !).



L’Aqueduc Saint-Clément et la place Max Rouquette
Un arrêt sous l’aqueduc du XVIIIe siècle permet aux participants d’imaginer les usages passés du quartier des “Arceaux” : jeu de tambourin, foire aux ânes et aux bestiaux, parking … et bientôt une place désimperméabilisée et végétalisée ! Là encore, la pierre est au rendez-vous : le calcaire coquillier du monument mais aussi les pavés flambant neufs, en cours d’installation par les artisans.


Les jardins du Peyrou
Sous les “Arceaux”, le groupe découvre la végétation spontanée qui pousse entre les pierres de l’ouvrage hydraulique : pariétaires, fausse-valériane, menthe sauvage, phagnalon sordide et même… des figuiers ! Mais une musique lointaine ramène le groupe à sa quête… Il reconnaît immédiatement le célèbre thème de Pierre et le loup, interprété au violon (interprété par Jérémy). Sous la voûte elliptique, le son se trouve amplifié naturellement ! L’Oiseau et Pierre célèbrent leurs retrouvailles à deux voix, à la flûte et au violon, pour le plus grand plaisir du public.
Pierre explique à l’Oiseau qu’il n’avait pas voulu l’abandonner : il cherchait en fait le canard 🦆. L’Oiseau lui répond qu’il peut monter en haut du belvédère pour l’aider à le retrouver.
“Excellente idée !” répond Pierre et l’Oiseau s’envola.


Les jardins du Peyrou sont aussi l’occasion d’une lecture du paysage, entre mer et montagne. Par ailleurs, les visiteurs sont frappés par le dessin formel de l’ancienne place royale, agrémentée de ses platanes taillés “en rideau”, tels des architectures. Hérités du XVIIIe siècle, le temple des eaux et sa rocaille fleurie sont une évocation jardinée des ruines antiques. L’Oiseau ne tarde pas à revenir solliciter le groupe de sa vive mélodie : de là-haut, il a aperçu le canard 🦆, près de la tour des pins !



Le Jardin des Plantes
En descendant le boulevard Henri IV, le groupe bénéficie d’une vue plongeante sur le magnifique Jardin des plantes. Les paysagistes racontent son histoire et attirent l’attention sur les nouvelles plantations d’arbres réalisées le long des rails de tramway. Dans l’alignement des cyprès, se dresse enfin la tour des pins. Cette tour, vestige des anciens remparts de la ville de Montpellier, est l’une des deux encore debout sur les 25 construites. Ce monument de pierre prend place dans un jardin, telle une ruine pittoresque.

Le square de la Tour des Pins
Du haut de ses vingt-cinq mètres de haut, la tour est célèbre pour ses pins historiques en toiture, remplacés au fil du temps par des cyprès. La pierre est au rendez-vous, avec, là-encore, un calcaire coquillier. Deux appareillages de pierres, avec et sans bossages, dessinent un jeu de lignes graphiques couronnées par des mâchicoulis.
Les visiteurs pénètrent ensuite dans le square : ils admirent ses allées courbes héritées de la tradition anglaise. Sous les frondaisons de ses arbres remarquables, il se déploie ici un véritable jardin d’ombre. Mais soudain, le groupe perçoit une mélodie familière… C’est le Chat 🐈⬛, avec son air élégant et moqueur, au son des cordes pincées du violon et du yukulélé. Bien qu’il soit un suspect idéal, le Chat est trop snob pour s’abaisser à manger canard… Il ne s’agissait que d’une petite dispute. Pour se débarrasser de ce groupe encombrant son territoire, le Chat suggère à Pierre de trouver un lac, où le Canard aurait sûrement trouvé refuge. L’Oiseau a justement une idée de jardin d’eau et se propose de guider le groupe jusqu’au jardin de l’Intendance du Languedoc, non loin de là…




Le parvis de la cathédrale Saint-Pierre
En chemin, le groupe continue d’observer la végétation logée entre les pierres : il admire cette fois la grande calade du parvis de la cathédrale Saint-Pierre (près de 1 000 m2). Si la monumentale cathédrale est célèbre, elle se trouve parfaitement mise en valeur par les dessins de ce jardin à fleur de pierres.

Jardin de l’Intendance & du Languedoc
Puisant son inspiration dans les jardins de simples de l’époque médiévale, le jardin de l’Intendance du Languedoc est créé en 2004 sur les vestiges d’un jardin plus ancien disparu. Ses terrasses successives ménagent encore de grandes voûtes en pierres où l’eau d’une fontaine s’écoule dans deux bassins. Dans ce nymphée, havre de fraîcheur, Pierre et l’Oiseau retrouvent enfin le canard 🦆 ! Son chant plaintif, accompagné par la flûte, est reproduit au violon à l’aide d’une sourdine. Ainsi s’achève la quête de Pierre :
“Ah, te voilà le canard ! Quel beau refuge tu as trouvé ici !” s’exclame Pierre.
“Tout à fait, c’est un vrai havre de fraîcheur”, lui répond le canard. “Et il y a même un potager à l’étage”.
“Tu as trouvé mon hôtel préféré” dit l’Oiseau. “Mais ça ne fait rien, je veux bien le partager avec mes amis, car les refuges sont rares en ville”.
“C’est vrai que tout a tellement changé” répond Pierre, mélancolique. “Même la fin de cette histoire, mon canard, puisque cette fois, tu ne te fais pas manger !”.
La balade se termine sur la terrasse haute du jardin de l’Intendance du Languedoc : un espace géré par l’association “Les amoureux de Candolle”. Ce jardin partagé mais secret, est riche d’une belle collection de plantes aromatiques cultivées et entretenues “avec amour” par les habitants du quartier. Sous l’ombre protectrice du grand if et d’un magnifique arbre de Judée aux branches noueuses, les participants échangent une dernière fois avec les paysagistes et les membres de l’association ; ils en tirent de l’inspiration pour leurs propres espaces extérieurs domestiques, partagent des astuces et des anecdotes… avant de repartir la tête pleine de jardins parfumés, harmonieux, musicaux et… ornés de belles pierres 🪨🌿.






Merci à tous les participants pour leur attention, leur curiosité et leur bienveillance. Merci à l’association “Les amoureux de Candolle” pour leur accueil chaleureux ainsi qu’aux conseillers du CAUE de l’Hérault pour cette matinée à la croisée des arts, de la pierre et du végétal.
Crédits photos : JDS, JC, Alizée & VP